Le 17 juin 2020 à Besançon, à l'occasion d'actions de désobéissance civile au niveau nationale, plusieurs collectifs qui luttent pour la protection du vivant et contre des projets climaticides, ont construit une “vigie” sur le site des jardins ouvriers des Vaîtes, là où un projet d'éco-quartier pourrait naître . Antoine Mermet / Hans Lucas

 

VIDÉO SURVEILLANCE : SUR-PRISE DU VISIBLE

Du 22 octobre 2021 au 9 janvier 2022. 

Commissariat : Laurent Carlier (directeur artistique du Vision’R VJ Festival)
Exposition organisée et co-produite avec les Réseaux de la Création

Implanté à Gentilly, Le Lavoir Numérique, Equipement de l’Etablissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre, est dédié à l’image et au son.

 

Présentation de l'exposition “Vidéo surveillance : sur-prise du visible” par Laurent Carlier : 


La surveillance, depuis le panoptique à la fin du XVIIIème siècle, n’a cessé de s’étendre, de s’immiscer, à l’instar de l’électricité, de la photographie et de la mondialisation. La vidéosurveillance, née sous et pour le IIIème Reich, est partie de la volonté d’observer et de contrôler en sécurité des lancements de missiles. En complément des usages militaires, la vidéosurveillance s’est ensuite commercialisée aux États-Unis. 

Œil colonisateur logocentréde la politique de l’identité et sa soif d’extraction et d’exploitation de données transformées en marchandises, la vidéosurveillance sert aussi la conception capitaliste du corps essentiellement pris comme force de travail.
La surveillance de masse induit une chasse aux pensées dissidentes et aux modes de vie non-normés et non- rentables. L’acceptation de la capture    des corps avec leurs transformations en profils sous- entend une soumission aux déterminismes idéologiques et technologiques.
C’est là le cœur des questions artistiques et éthiques du rapport entre contrôle et confiance, entre identité et altérité, entre innovation et actualisation, entre puissance et pouvoir.

Il y a donc des pratiques qui prennent la vidéo-surveillance par surprise !

Des usages, artistiques ou non, ne sont en effet pas pris dans la logique de contrôle et de conformité aux narrations des pouvoirs en place.
L’exposition en présente donc une sélection qui pose des sorties de régime et de nouveaux récits.
Chercher à identifier les visages dans les nuages, empêcher les technocrates de miser sur le Plan et la Machine pour réguler nos villes et nos vies avec les dernières technologies de contrôle social, guetter les météorites qui déchirent le ciel, fabuler sur la vie des humains dans un monde où l’automatisation a été fantasmée jusqu’à ses extrêmes, interroger le désir au cœur de la vidéosurveillance et de la relation de pouvoir entre surveillé·e·s et surveillant·e·s, prendre en compte l’impact des dispositifs de vidéosurveillance sur les perceptions et vies non-humaines, étudier les tactiques d’anonymisation, de non-traçabilité, d’invisibilité et de cryptage utilisées pour lutter contre les dictatures politiques et technologiques, devenir caméléon en creusant les contradictions entre le port du masque et la reconnaissance faciale, faire monde et société qui font sens face au cynisme du solutionnisme technologique morbide, effeuiller les ancolies en comptant les jours du lycée, s’esclaffer devant une compilation d’images de surveillance de braquages scandée de slogans publicitaires, s’embarquer dans une dérive musico-poétique sur la surveillance de la surveillance de·s masse·s prises en panoptech’...
Autant de points de vue, de détournements, de formes d’expressions et de dissonances face aux dispositifs de vidéosurveillance proposés dans cette exposition collective rassemblant photographies, projections et installations."

 

Présentation de la photographie “On vous voit venir” par Antoine Mermet : 

Ici vous êtes à Besançon sur le site des Vaîtes le 17 juin 2020.
Comme dans d'autres villes en France des citoyen.nes ont été invité.es à répondre, par des actions fortes, à un appel contre la re-intoxication du monde.
34 ha de terres maraîchères et arables au cœur de la ville sont la cible de promoteurs immobiliers. Pour empêcher la bétonisation du site, faire naître du débat et veiller à l’arrivée des engins de chantier, une tour de guet fut érigée ce jour.

La tour a toujours été révélatrice de force, de puissance et le reflet de l'ego de la personne qui la désirait. Aujourd’hui elles centralisent le pouvoir et favorisent par leur organisation le contrôle à distance. Ce sont de véritables châteaux forts contemporains. Pour y entrer il vous faut, badger, vous faire reconnaître informatiquement, montrer patte blanche, vous conformer à des codes sociaux bien définis. Sans cela pas d’accès.

Fragile et fébrile cette tour ci impose quant à elle des revendications qui dépassent l'horizon morose que le capitalisme nous impose. C'est autour de ces quelques planches de bois que des émotions ont été enfantées. Les lieux de ce type sont de véritables laboratoires humains où le besoin d'échanger, de partager, d'apprendre à se connaitre sans juger est fondamental.

L'espoir ici est de dépasser l'état mental et matériel dans lequel les puissants de ce monde nous ont enfermé. Sans avoir prêté une quelconque attention au vivant et en nous volant notre temps, ils ont fait des nous des marchandises programmées à consommer.
La logique consumériste ne peut fonctionner dans un monde aux ressources naturelles finies.

Peu de temps sera nécessaire aux générations futures pour comprendre que le monde dans lequel leurs ancêtres ont vécu était incompatible avec un mode de vie sain.
Entrouverte depuis les années 70, la porte de la prise de conscience écologique est maintenant bien ouverte mais pourrait claquer si le changement sociétal n'advient pas.

La lutte environnementale doit donc être considérée comme une autodéfense naturelle. Nous sommes à la fois le virus et les anticorps.

 

Les artistes exposé.es : 

- La Quadrature du net : https://technopolice.fr/

- Erewhon (Gwenola Wagon, Stéphane Degoutin, Pierre Cassou-Nogues) :https://welcometoerewhon.com/

- Liad Hussein Kantorowicz : https://liadland.wordpress.com/performances-and-projects/watch-me-work/

- Thaddé Comar : http://thaddecomar.com/project/hk-2047/

- Ceren Paydas : http://www.cerenp.com/about

- Danielle Baskin : https://daniellebaskin.com/

- Antoine Mermet : http://antoinemermet.fr/fr/portfolio-29781-0-0-17-juin-les-vaites-premiers-jours-doccupation.html#images-32

- ACHAB : http://achab.fr/ - https://vimeo.com/337113260

- Franck Vigroux & Gregory Robin : https://vimeo.com/101702498

- Oxytocine (Julia Maura) : https://www.youtube.com/watch?v=vf1HNCELyeY

- Loopsider : https://www.loopsider.com/fr/video/linquietant-flirt-entre-les-start-up-de-cyber-surveillance-lextreme-droite-et-les-etats

- Kurt Caviezel : https://www.kurtcaviezel.ch/index.html

- Christof Nuessli https://christofnuessli.ch/index.php/exhibits/under-the-skin/

- Shinseungback Kimyonghun http://ssbkyh.com/works/cloud_face/

- AUTODRÔNE (Leïla Chaix) : http://autodrône.com/

- Cynthia Charpentreau : http://cynthiacharpentreau.com/